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Photo du rédacteurSacha Gaillard

L'intelligence artificielle sauvera-t-elle la démocratie ?


Nul doute que l’intelligence artificielle impactera et bouleversera profondément, le mode d’organisation et de fonctionnement de la démocratie du XXIème siècle. Si l’enjeu actuel s’avère être de replacer l’homme au cœur de la Cité, il faudra éduquer les nouvelles technologies pour répondre à ce besoin. Tout semble être une question de mesure. « Nous pouvons être modérément optimistes, si les décideurs et les partenaires sociaux prennent les mesures appropriées » [1]. La question sous-jacente est de savoir, comment refaire société ensemble ? Il faudra alors faire en sorte que l’intelligence artificielle (ci-après IA) soit un moyen d’y parvenir

Avant d’apporter une tentative de persuasion sur le fait que l’IA est un moyen de sauver la démocratie, il convient de se demander pourquoi notre démocratie a-t-elle besoin d’être sauvée ? Notre démocratie souffre-t-elle de la confiscation du pouvoir ou d’un pouvoir empêché ? Il faudrait partir de l’étymologie du terme démocratie : Demos (le peuple) et Kratos (le pouvoir). Il y en a qui considèrent qu’il y a trop peu de « Demos », trop peu de peuple, et d’autres qu’il y a trop peu de « Kratos » ou une forme d’impuissance publique.

Ce débat est ancien et même autant consubstantiel que simultané à la naissance de la démocratie. Le déficit de démocratie contemporain tient davantage du côté du « Kratos » que du côté du « Demos », il sera intéressant de comprendre en quoi l’IA, annoncée comme révolutionnaire, apporte ou du moins essaie d’apporter, une réponse à ces impuissances constantes. Si l’on doit regarder du côté du « Demos », notre démocratie souffre en réalité davantage d’une crise de croissance de l’exigence de représentation, plutôt qu’une crise de la représentation en tant que telle ; à cette crise, l’IA a un rôle à jouer. Si la démocratie est perçue comme étant l’expression de la voix et de l’opinion du peuple, par le peuple et pour le peuple, nous aurions du mal à concevoir le remplacement dudit peuple par une intelligence artificielle non douée de sensibilité. Il faudra alors voir cette IA comme un outil au service de la démocratie et non comme une fin en soi.

A l’heure d’un déficit de représentation, l’exigence d’une IA au service de la démocratie serait de refaire naitre un débat de façon à ce qu’un lien entre les représentés et les représentants renaissent réellement. « Ce n’est pas en contrôlant toujours davantage le gouvernement, que l’on résoudra la crise de la démocratie mais seulement en lui rendant les moyens de gouverner » [2]. L’utilisation d’algorithmes maitrisés pourrait être au service de nos gouvernements pour les aider à mieux gouverner en palliant à cette image de mauvaise représentative.

Laisser l’intelligence artificielle dériver, pervertirait son objectif premier impactant ainsi le métabolisme social sur lequel serait basée notre société. L’affaire du Cambridge Analytica semble être l’exemple permettant d’observer la falsification de la démocratie républicaine en se donnant à l’utilisation et à la vente de données des citoyens. Tout l’enjeu sera alors que nos démocraties adoptent cette IA pour éviter le pire, c’est-à-dire éviter les dérives importantes et grandissantes que cette technologie peut susciter. L’automatisation de l’analyse des données des citoyens, sera sans doute un des enjeux phares des années à venir ; viendra ensuite, l’automatisation de la société qui se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins entre opportunités et craintes.


Alors que la transparence dans la vie politique en général et dans notre démocratie en particulier participe à la confiance qu’ont les citoyens dans leur démocratie ; la transparence et l’explicabilité des algorithmes dans l’IA est également un sujet qui déterminera certainement la confiance que l’on accordera dans cette nouvelle technologie.

Les peuples sont de plus en plus regardant vis-à-vis de l’utilisation qui est faite de leurs données et s’inquiètent de plus en plus de la manière avec laquelle se développent de façon croissante les IA. Pour éviter un regard méfiant et hâtif à l’encontre de ces technologies grandissantes, il faut favoriser la formation. L’exigence de formation permettra, encore plus pour les années à venir, de lutter contre les inégalités de revenus, de pouvoirs et d’intégration qui menacent la démocratie.


Là où les dangers de l’IA se feront certainement encore davantage ressentir sera notamment par l’utilisation faite de ces technologies par les pouvoirs et régimes les plus dangereux qui se disent être démocratiques et qui utilisent cette forme de gouvernance pour manipuler leur population. Oscillants entre démocratie et dictature, l’IA, serait un moyen pour ces démocratures, de réduire le libre arbitre du citoyen et son regard critique de la société dans laquelle il évolue, pour orienter l’information délivrée au regard des données qu’il détient déjà sur lui. L’IA, en raison d’une prolifération de la connaissance et de l’information vis-à-vis des peuples, ne permettra donc pas forcément de parer le danger des démocratures ; tout dépendra de quel usage les démocraties voudront faire de cette technologie.


Ainsi, une bonne utilisation des algorithmes dans la démocratie, serait celle d’une technologie maitrisée et explicable, c’est-à-dire, d’une IA algorithmique et non exclusivement apprenante. Plus l’intelligence artificielle est autonome, moins le décisionnaire a le contrôle et plus les dérives sont probables.

Replacer le citoyen au cœur du projet démocratique reste donc un débat éminemment d’actualité pour lequel tout l’enjeu sera de veiller à ne pas faire du citoyen un ignorant surinformé.

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